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A l’appel de la CGT Educ’Action, les AESH (accompagnant des élèves en situation de handicap) étaient hier appelés à se mobiliser au plan national. Pour que l’Etat reconnaisse enfin leur travail, autrement que par des contrats précaires et des salaire payés au lance-pierre.
Gaëlle est une privilégiée. Chargée de l’accompagnement d’élèves en situation de handicap (AESH), depuis 12 ans, elle travaille à plein temps.
C’est l’une des rares dans ce cas dans d’académie de Limoges. Pour 41h15 hebdomadaires, elle touche royalement... 1.200 euros mensuels. Pourtant au fil du temps, elle qui a commencé comme toutes les AESH en contrat précaire à mi-temps, n’a pas connu que des améliorations. «Avant on s’occupait de deux enfants maximum. Maintenant, ça peut monter à cinq. Si trois élèves en situation de handicap sont dans la même classe, on doit s’occuper des trois à la fois.» Même si elle apprécie son travail et souligne les bonnes relations avec les parents d’élèves qu’elle accompagne, «c’est la galère. Avec un tel salaire, on s’offre jamais rien. Une fois payés le loyer, les crédits, les assurances, il ne reste pas grand chose.» Jamais un resto, jamais un ciné. «Certaines d’entre nous empilent un deuxième salaire quand l’établissement scolaire le permet parce que souvent, pour faire 20h30 par semaine, il faut être là cinq jours par semaine.»
Isabelle évoque ainsi les heures non payées. «On nous compte par exemple quatre heures de travail alors que nous sommes dans l’établissement pendant neuf heures.» Et le soir, il faut rempiler pour la deuxième journée de travail auprès de ses propres enfants. «Moi avec la garderie en début et fin de journée, c’est 10% de mon salaire qui y passe, calcule ainsi Nadia. A côté, j’ai un deuxième emploi. Je donne des cours mais le plus souvent les AESH travaillent parallèlement dans l’aide à la personne.»
A mi-temps, elles ou ils (puisqu’il y a quelques hommes AESH) n’en tirent qu’environ 600 euros par mois. «602 euros pour 20h30, rectifie Nicole, mais je déborde tout le temps, le matin, le soir, à midi. En janvier, j’ai été hospitalisée et je n’ai touché que 451 euros.» Elle explique par ailleurs les formations suivies mais «non prises en charge» pour prendre correctement en charge des enfants au profil particulier. «La première année, j’ai eu droit à 60 heures de formation [ce que la FSU nomme le «kit de survie» tant la formation est allégée]. Et encore je le faisais pendant les vacances scolaires ou le samedi.» Sous le régime des contrats aidés, elle sait en juin si elle repartira en septembre. «Le pire, c’est que l’on n’a aucune reconnaissance. J’ai fait une demande de titularisation. J’avais fait les formations nécessaires et j’ai même présenté deux lettres de recommandation. Je n’ai pas eu de réponse.» «Même s’ils sont passionnés et il faut l’être, ces gens-là sont méprisés. Alors oui, le rectorat de Limoges travaille sur un protocole pour la gestion et la rémunération des AESH, mais le cadre national est tellement con-traint», souffle Cécile Dupuis (SNES-FSU).
Plus largement, la CGT Educ’Action constate «qu’il est aujour- d’hui impossible d’appliquer la loi de 2005 qui ordonnait d’ouvrir l’école aux jeunes en situation de handicap. Le décalage est grand entre le rêve donné aux parents en leur faisant croire que leur enfant sera accompagné et la galère pour faire accepter leur enfant à l’école. Et certains attendent des mois l’attribution d’un accompagnant.» Des accompagnants comme Isabelle qui a dû mettre sa maison en vente. «On ne pouvait plus continuer les travaux.»
Si la loi sur le handicap a été votée il y a plus de 10 ans, le statut d’AESH reste lui aussi en chantier.
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