L’inflation est un phénomène économique complexe qui affecte toutes les économies mondiales. Bien que nous puissions facilement définir l’inflation comme une hausse généralisée des prix, ses causes et ses conséquences sont bien plus nuancées. Dans cet article, nous allons explorer les principaux types d’inflation et les théories économiques qui tentent de les expliquer.
L’inflation modérée
Bien que l’inflation soit généralement perçue négativement par les consommateurs qui voient leur pouvoir d’achat diminuer, de nombreux économistes s’accordent pour dire qu’un taux d’inflation modéré, de l’ordre de 2 à 3%, est sain pour une économie. En effet, une inflation contenue peut stimuler la croissance en encourageant la consommation et l’investissement. C’est pourquoi la plupart des banques centrales visent à maintenir l’inflation dans cette fourchette, à l’aide de leurs outils monétaires.
L’hyperinflation
À l’inverse, une inflation galopante et incontrôlée, appelée hyperinflation, peut avoir des conséquences désastreuses. L’hyperinflation est caractérisée par une hausse extrêmement rapide et incontrôlable des prix. Les exemples historiques les plus célèbres sont l’Allemagne dans les années 1920, et le Zimbabwe dans les années 2000! Face à de telles situations, la monnaie perd quasiment toute sa valeur, les échanges sont paralysés et l’économie s’effondre.
La stagflation
Autre casse-tête pour les banquiers centraux, la stagflation désigne la conjonction pernicieuse d’une inflation élevée et d’une croissance économique faible, avec un chômage important. Ce phénomène, observé dans les années 1970 aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, place les banques centrales face à un dilemme. Augmenter les taux d’intérêt pour contrer l’inflation risque d’accroître le chômage, tandis que les baisser pour stimuler l’activité alimenterait l’inflation. La stagflation apparaît donc comme une impasse pour la politique monétaire traditionnelle.
La déflation
À l’opposé de l’inflation, la déflation désigne une baisse généralisée des prix dans l’économie. Elle peut être causée par une contraction de la masse monétaire ou par un ralentissement des dépenses de consommation. Bien qu’une baisse des prix semble bénéfique pour le pouvoir d’achat, la déflation peut nuire à l’économie à long terme. En effet, la baisse des revenus et des profits peut conduire les entreprises à réduire leurs coûts via des licenciements, ce qui accroît le chômage.
Les causes de l’inflation : les théories opposées de Keynes et des monétaristes
Si la définition de l’inflation fait consensus, ses causes divisent encore les économistes. Deux écoles de pensée s’opposent sur cette question : les keynésiens et les monétaristes.
La vision keynésienne : une origine dans les coûts de production
Pour les héritiers de Keynes, l’inflation résulte de pressions économiques réelles, comme la hausse des coûts de production et des salaires. Ils distinguent l’inflation par les coûts, lorsque la hausse des prix est transmise depuis l’augmentation du coût des facteurs de production, et l’inflation par la demande, lorsque la demande globale est supérieure à l’offre. Dans les deux cas, l’inflation naît au cœur même du système productif et non d’un excès de masse monétaire. C’est pourquoi les keynésiens préconisent une intervention de l’État pour contenir ces pressions inflationnistes.
La vision monétariste : la masse monétaire comme cause principale
À l’inverse, Milton Friedman et les monétaristes considèrent que « l’inflation est toujours et partout un phénomène monétaire ». Selon eux, elle résulte avant tout d’une création excessive de monnaie par rapport à la croissance économique. Ils se fondent sur la théorie quantitative, qui lie la masse monétaire et le niveau des prix, pour recommander une stricte maîtrise de l’expansion monétaire. Bien plus sceptiques sur l’intervention étatique, ils préconisent de limiter celle-ci au contrôle de la masse monétaire.
Conclusion
En définitive, l’inflation est un phénomène encore mal compris malgré des décennies de recherches économiques. Ses causes divisent les keynésiens, qui l’attribuent aux coûts de production, et les monétaristes, qui incriminent l’expansion monétaire. Quelle que soit son origine, une inflation modérée semble bénéfique pour une économie, tandis que l’hyperinflation et la stagflation demeurent de redoutables menaces. La lutte contre l’inflation reste donc au cœur des débats et des préoccupations des banquiers centraux.