On peut facilement se rendre compte de l’énorme impact des cryptos sur la finance mondiale. Cependant, beaucoup connaissent moins l’importance des crypto-actifs et de la blockchain sur d’autres secteurs d’activité humaine. De l’industrie du jeu vidéo aux réseaux électriques, le modèle de registre décentralisé transforme les flux de travail, les paradigmes de sécurité et les mécanismes de confiance. La crypto va désormais bien au-delà du simple transfert de fonds. Ci-dessous, nous explorons les nouveaux secteurs hors finance qui subissent des avancées tangibles grâce aux innovations en matière de crypto et de blockchain.
1. Jeux crypto et NFT
En dehors de la finance, l’industrie du jeu a été l’une des premières à adopter la technologie blockchain. Dans le secteur des paris sportifs et des casinos en ligne, les opérateurs se servent des cryptos pour offrir des paiements rapides et à frais presque nuls instantanés. Grâce aux retraits instantanés que ce type de plateforme offre, on trouve aujourd’hui un grand nombre de casinos Bitcoin fréquentés par des centaines de milliers et parfois des millions de joueurs. Ceux-ci peuvent également utiliser leurs BTC pour miser sur une large gamme de jeux.
Les développeurs de jeux vidéo utilisent aussi la blockchain pour offrir au joueur une véritable propriété des actifs numériques intra-jeu. En simple, dans un jeu crypto, tout ce qu’un joueur gagne lui appartient : argent, armes, boucliers, personnages, etc. Ce concept crée une rupture nette avec les jeux traditionnels où les joueurs ne sont jamais réellement propriétaires des skins, armes ou objets de collection qu’ils achètent.
La crypto apporte les innovations suivantes dans le secteur des jeux vidéo :
- Jetons non fongibles (NFT) comme ressources de jeu : chaque objet du jeu peut être tokenisé sous forme de NFT stocké sur une blockchain.
- Actifs interopérables : les développeurs peuvent permettre le transfert d’objets NFT entre différents jeux, ce qui permet la création d’une économie inter-jeux.
- Mécanique de jeu Play-to-Earn (P2E) : les joueurs gagnent des récompenses en crypto-monnaies en accomplissant des exploits dans le jeu.
Les contrats intelligents renforcent la rareté des actifs numériques et gèrent les transactions automatisées sur le marché sans serveur central.
2. Chaîne d’approvisionnement et logistique
Les chaînes d’approvisionnement sont confrontées à des défis constants en matière de traçabilité, de prévention de la contrefaçon et d’efficacité. La blockchain résout partiellement ces problèmes en fournissant un enregistrement immuable des mouvements des produits, depuis leur état de matières premières jusqu’à la table du consommateur final.
Les professionnels du domaine s’en servent de la manière suivante :
- Suivi de la provenance : Chaque étape du parcours d’un produit est enregistrée sur une blockchain, ce qui créer ainsi une trace vérifiable. Par exemple, IBM Food Trust utilise Hyperledger Fabric pour suivre l’origine et la manipulation des produits alimentaires.
- Mesures anti-contrefaçon : les biens de grande valeur, tels que les produits pharmaceutiques, les montres de luxe ou les appareils électroniques, peuvent se voir attribuer des identifiants uniques vérifiés par blockchain. Les consommateurs peuvent scanner un code QR pour vérifier leur authenticité via un enregistrement blockchain.
- Contrats intelligents pour une conformité automatisée : les contrats peuvent être codés pour déclencher des actions (par exemple, libérer le paiement, mettre à jour l’inventaire) lorsque des conditions prédéfinies sont remplies, afin d’éliminer les retards et les litiges opérationnels.
Le consensus distribué de la blockchain réduit le besoin de validation centralisée et minimise les points de défaillance dans les systèmes logistiques.
3. Authentification des diplômes
Les établissements d’enseignement supérieur et les employeurs sont confrontés à des défis croissants en matière de fraude aux diplômes. La blockchain offre un moyen fiable d’authentifier les diplômes, les relevés de notes et les certifications professionnelles.
Comment ça marche :
- Les universités délivrent des diplômes numériques sous forme de hachages cryptographiques stockés sur une blockchain publique ou de consortium.
- Lorsqu’un diplômé partage son diplôme, l’employeur peut comparer le hachage du document avec celui stocké sur la blockchain pour confirmer l’authenticité.
- Certaines plateformes, comme Blockcerts, permettent un stockage à vie et vérifiable des informations d’identification dans un format décentralisé.
Grâce à ce système, les établissements réduisent les possibilités de falsification de leurs diplômes. Ils facilitent également le travail des employeurs, partout sur la planète. Le même système peut aussi permettre de contrôler la propriété intellectuelle.
4. Marchés de l’énergie et de l’électricité décentralisés
Le secteur de l’énergie adopte la blockchain pour permettre le commerce d’énergie entre pairs, les marchés de crédits carbone et la gestion décentralisée du réseau. Voici quelques cas d’utilisation, pour bien comprendre :
- Échange d’énergie P2P : les ménages équipés de panneaux solaires peuvent vendre leur surplus d’électricité directement à leurs voisins grâce à des contrats intelligents basés sur la blockchain.
- Tokenisation des crédits carbone : la blockchain peut enregistrer, tokeniser et échanger des crédits carbone afin de garantir la transparence en matière de conformité environnementale.
- Gestion décentralisée de l’énergie : les contrats intelligents ajustent automatiquement l’offre et la demande en enregistrant les données d’utilisation en temps réel à partir des compteurs intelligents connectés à l’IoT.
Les blockchains énergétiques utilisent souvent des mécanismes de consensus légers (par exemple, preuve d’autorité, preuve d’enjeu déléguée) pour gérer un débit de transactions élevé sans consommer excessivement d’énergie.
5. Gestion des données médicales et de santé
Le secteur de la santé est confronté à une problématique très similaire à celle du secteur bancaire : la sécurisation des données. La blockchain offre un cadre décentralisé, vérifiable et conforme à la loi pour le stockage et le partage des dossiers patients. Concrètement, on l’utilise pour :
- Dossiers de santé centrés sur le patient : les patients contrôlent l’accès à leurs données médicales via des clés privées, en accordant ou en révoquant des autorisations aux médecins, aux hôpitaux ou aux assureurs.
- Suivi de la chaîne d’approvisionnement pharmaceutique : du fabricant à la pharmacie, chaque transfert est enregistré pour empêcher les médicaments contrefaits de pénétrer dans le système.
- Intégrité des essais cliniques : les données de recherche sont horodatées et stockées sur la blockchain pour garantir qu’elles ne peuvent pas être manipulées après la collecte.
Les preuves à divulgation nulle de connaissance (ZKP) et le chiffrement garantissent la confidentialité tout en permettant la vérification d’attributs spécifiques.
Conclusion
Chaque secteur bénéficie de la triade fondamentale de la blockchain : décentralisation (suppression des points de défaillance), immuabilité (garantie de la confiance dans les données) et programmabilité (via des contrats intelligents). À mesure que ces technologies arriveront à maturité, nous les verrons probablement intégrées aux processus quotidiens de secteurs que nous n’associons pas encore aux crypto-monnaies.