J’ai rencontré Marie, directrice informatique d’une PME européenne, alors qu’elle cherchait une réponse aux fuites de données liées aux outils d’IA. J’ai entendu parler d’une jeune pousse qui promet de faire dialoguer les équipes et les modèles sans exposer les informations sensibles : Nexos.ai vient de boucler une levée majeure pour accélérer cette mission. Le récit mêle fondateurs renommés, investisseurs internationaux et cas concrets de gains de productivité.
Nexos.ai lève €30 millions pour faciliter l’adoption de l’IA en entreprise
J’ai vu l’annonce : quelques mois après une sortie de clandestinité avec un tour initial de 8 millions de dollars, Nexos.ai a sécurisé une Série A de €30 millions, co-dirigée par Index et Evantic Capital. Selon le porte-parole, la valorisation atteint désormais €300 millions, signe que les investisseurs parient sur une solution capable de réduire la fragmentation des déploiements IA.
Fondée par Tomas Okmanas et Eimantas Sabaliauskas, connus pour avoir développé Nord Security, la start-up veut convertir la promesse de l’IA en gains mesurables pour les entreprises, tout en traitant les risques de gouvernance et de fuite de données. Ce financement servira à accélérer le développement produit et l’expansion en Europe et en Amérique du Nord. Insight : l’argent lève le voile, mais le défi reste de transformer la démonstration en adoption à grande échelle.
Une architecture pensée comme une « Suisse » des modèles de langage
J’ai entendu Okmanas décrire la menace : les employés chargent des informations sensibles dans des LLM publics. Plutôt que d’interdire l’IA, Nexos.ai se positionne comme intermédiaire neutre, permettant aux équipes d’accéder à des modèles tout en gardant la main sur la donnée.
La plateforme s’articule autour de deux briques : un AI Workspace destiné aux collaborateurs, et un AI Gateway pour les développeurs. Cette couche de contrôle gère la sécurité, la maîtrise des coûts et la conformité tout en offrant un point d’accès unifié à près de 200 modèles. L’entreprise prévoit d’étendre rapidement le support des modèles privés pour les cas sensibles. Insight : c’est la promesse d’une vigilance active plutôt que d’un interdit technologique.
Preuves sur le terrain et ciblage des premiers clients
J’ai vu les premiers cas d’usage : les fondateurs viennent d’un écosystème — Tesonet — où l’usage de l’IA a déjà généré des économies concrètes. À Hostinger, un assistant IA a permis de réduire significativement les besoins en support humain, économisant à la société près de €10 millions et évitant l’embauche de centaines de salariés.
Les premiers clients publics sont issus du portefeuille Tesonet et incluent la licorne fintech bulgare Payhawk. La stratégie commerciale privilégie d’abord les entreprises déjà familières avec l’IA et les secteurs régulés qui exigent une gouvernance stricte. L’équipe réalise actuellement 50 à 60 démonstrations par semaine, signe d’un intérêt réel mais aussi d’un travail d’évangélisation à mener auprès des conseils d’administration. Insight : les preuves internes ouvrent des portes, mais la confiance se gagne via des pilotes sécurisés et mesurables.
Un écosystème européen en réflexion : partenaires et compétiteurs
J’ai entendu des discussions sur l’écosystème : Nexos.ai ne naît pas en silo. Les acteurs comme Mistral AI, LightOn, Owkin, Snips, Dataiku, Trail, Jasmine AI, Hugging Face ou AnotherBrain illustrent la diversité des offres européennes, entre plateformes, modèles et outils de gouvernance.
La valeur ajoutée de Nexos.ai tient à son rôle d’orchestrateur : agréger, sécuriser et monitorer des flux vers ces différents modèles tout en proposant des garanties de souveraineté des données. Evantic apporte au dossier un réseau d’opérateurs — les « Legends » — qui devraient aider la jeune pousse à industrialiser ses retours clients. Insight : joindre les forces du continent pourrait transformer une mosaïque d’initiatives en une offre intégrée pour les entreprises.
Ce que cela change pour les DSI et les conseils d’administration
J’ai rencontré Marie à nouveau, cette fois avec le rapport qu’elle doit présenter au conseil. Son enjeu : convaincre que l’IA peut être adoptée sans sacrifier la sécurité ni la conformité. Nexos.ai propose une promesse opérationnelle : simplifier les choix technologiques, centraliser l’auditabilité et délester les équipes des intégrations individuelles.
La question de la souveraineté des données européenne joue en faveur des solutions locales face aux modèles hébergés à l’étranger. Si les institutions publiques commencent à s’y intéresser, la cible ne se limite plus aux seuls groupes privés. Nexos.ai prévoit de porter son équipe à une centaine de personnes avant son premier anniversaire, majoritairement en Europe, pour répondre à ces besoins. Insight : les DSI recherchent des compromis pragmatiques entre innovation et contrôle — c’est l’espace que vise Nexos.ai.
Questions en suspens et pistes à surveiller
J’ai entendu plusieurs interrogations : quelle part du marché des modèles restera ouverte à l’intégration, comment mesurer l’impact économique des orchestrateurs, et qui gardera la responsabilité finale en cas d’erreur d’un modèle intégré. Les décisions des entreprises sur ces points définiront les gagnants de la prochaine vague.
Pour Nexos.ai, la trajectoire dépendra de sa capacité à convertir les démonstrations en déploiements à grande échelle, à intégrer des modèles privés, et à convaincre des secteurs régulés. L’issue du pari sera scrutée par d’autres acteurs européens et mondiaux, dont ceux cités plus haut. Insight : l’adoption de l’IA en entreprise passera par des intermédiaires de confiance — la course est lancée.