J’ai rencontré John Carreyrou, regard déterminé, qui m’a raconté ce curieux bras de fer où des auteurs se dressent désormais contre six géants de l’IA aux États-Unis. Derrière la façade high-tech, une nouvelle vague de plaintes secoue la Silicon Valley : la question du droit d’auteur n’a jamais paru aussi brûlante pour les titans de la technologie.
En filigrane, une scène inédite : des ouvrages patiemment écrits, absorbés en quelques secondes par des machines affamées de données. Vous êtes prêt à suivre ces auteurs prêts à défendre leur propriété intellectuelle contre une armée d’algorithmes ?
Droit d’auteur et intelligence artificielle : le nouvel affrontement juridique aux États-Unis
J’ai entendu les plaignants, des écrivains connus outre-Atlantique, expliquer leur démarche : ils ont déposé plainte le 22 décembre, aux côtés de John Carreyrou, contre xAI, Anthropic, Google, Meta, OpenAI et Perplexity. Pour eux, ces géants de l’IA n’ont pas seulement flirté avec la ligne rouge, ils l’auraient franchie en utilisant, sans autorisation, leurs œuvres pour entraîner des modèles comme ChatGPT, Gemini ou Llama.
D’après la plainte, ces entreprises auraient téléchargé des milliers de livres via des bibliothèques pirates telles que LibGen ou Z-Library. En clair : là où les auteurs ont mis des années à écrire, les plateformes d’intelligence artificielle auraient copié et intégré, sans sourciller, des pans entiers d’un patrimoine littéraire protégé. Le marché potentiel pèse lourd—la plainte estime que ces systèmes forment un secteur de plusieurs centaines de milliards de dollars, bâti sur ces contenus piratés.

Dans ce paysage juridique, le monde de la propriété intellectuelle se montre plus vigilant que jamais. Selon AI Watch.dog, pas moins de 70 procédures similaires ont déjà été lancées aux États-Unis contre divers acteurs de la tech.
Un schéma d’entraînement controversé : le rôle des bibliothèques pirates dans la guerre du droit d’auteur
Imaginez-vous, auteur méticuleux, découvrant que le roman que vous couviez a été aspiré par une IA via un simple téléchargement illégal. John partage une anecdote : « Certains sites comme LibGen ou Z-Library sont devenus le grenier occulte des intelligences artificielles. On y retrouve de tout, du classique au dernier polar à succès. »
Les accusés, des géants comme Meta ou Google, se voient ici reprocher d’avoir optimisé la performance de leurs modèles grâce à ces œuvres “empruntées”. À la clé : une course à l’innovation… mais sur le dos de créateurs désabusés.
Cette méthode d’entraînement n’est pas un cas isolé. Outre-Atlantique comme en France, les litiges se multiplient—Mediapart révélait récemment que même des start-up tricolores comme Mistral seraient tentées par la voie “pirate”. Certains voient dans cette vague de conflits une répétition de la bataille contre le piratage musical au début des années 2000, mais à une échelle radicalement nouvelle.
Multiplication des litiges : un symptôme d’un secteur IA en quête de règles
Du côté des plaignants, l’unité n’est pas toujours de mise. Cette plainte n’est pas une action collective comme tant d’autres : chaque auteur souhaite conserver la main sur ses droits, évitant que leur indemnisation ne soit réduite à peau de chagrin par quelque accord global. « Les sociétés LLM ne devraient pas pouvoir solder des milliers de cas pour une poignée de centimes », glisse l’un des plaignants.
En cherchant l’avis des experts, je découvre une tendance claire : les recours individuels se multiplient pour peser face aux mastodontes—une stratégie déjà vue du côté des éditeurs de musique (voir cette initiative d’ElevenLabs pour la musique d’ambiance).
Le but est limpide : redéfinir la responsabilité juridique entre créateurs et IA, éviter que la technologie ne devienne un cheval de Troie contre la création originale. Du côté des traducteurs également, le malaise grandit—perte de contrats, salaires divisés par deux, selon plusieurs témoignages recueillis dans le secteur.
Plusieurs analystes estiment que l’enjeu dépasse la seule littérature : il s’agit du rapport entre humain et machine, d’équité mais aussi de survie d’un écosystème. Vous souvenez-vous du bras de fer autour des copies pirates dans le jeu vidéo ou le streaming ? (Pour comprendre la diversité des litiges, jetez un œil à ce récit sur la Nintendo Switch 2 ou cette victoire décisive contre l’IPTV illégale).
Quels scénarios pour la réglementation de l’intelligence artificielle ?
Face à la multiplication des plaintes, la réglementation doit s’adapter au rythme effréné de l’innovation. Plusieurs pistes émergent : des modèles de licences rémunérées, des régimes de contrôle plus stricts sur l’origine des données, voire une nouvelle loi spécifique, comme le débat actuel en France tend à en fabriquer une. Certains — à l’image des collectifs d’auteurs — prônent la transparence totale sur l’entraînement des IA génératives.
Pour les curieux, il n’est pas inutile de se pencher sur d’autres cas récents, comme la contestation des start-up françaises face au projet de loi sur l’IA (ici, Mistral et ses alliés), ou encore les tentatives américaines d’action punitive via la fiscalité ou la justice (cf. les taxes imposées sur les puces électroniques).
Dans ce maelström, la vraie question demeure : jusqu’où la technologie peut-elle s’affranchir des règles du jeu ? Et, vous, où placez-vous la limite entre innovation et respect du travail d’auteur ?
- Le droit d’auteur et la propriété intellectuelle s’imposent en priorité dans le débat sur l’intelligence artificielle.
- Les plaintes individuelles se multiplient pour éviter des indemnités réduites par les accords collectifs.
- L’utilisation de bibliothèques pirates comme LibGen et Z-Library fragilise la frontière entre nécessité technique et respect légal.
- Le secteur de la création réclame plus de transparence dans l’entraînement des IA.
- La pression monte pour une réglementation adaptée, au croisement du numérique et de la culture.
Un détail à retenir : derrière chaque bataille juridique, un pan de notre culture mondiale cherche à survivre à la vague numérique. La question du partage équitable — et du respect mutuel — reste ouverte.
À votre tour : quelle place donneriez-vous à la créativité humaine dans la grande aventure de l’IA ?
