Août dans l’air, bruits de climatiseurs en fond, et sur les places financières, deux points d’exclamation : Washington et Bruxelles viennent tout juste de publier leur déclaration commune sur les droits de douane. Si vous avez vu passer le selfie entre Donald Trump et Ursula von der Leyen à Turnberry, c’était plus qu’une pause photo : un deal inédit sur les voitures, avions et règles du numérique est désormais scellé. Pourtant, dès la sortie de ce texte de quatre pages, dans les bureaux de Renault ou DS Automobiles, les sourcils se sont levés. À la bourse de Francfort, chez BMW ou Volkswagen, on s’est empressé de recalculer les marges. Et à Seattle, le bord du siège grince chez Boeing, pendant qu’Airbus surveille de près la page suivante. Cette entente, officialisée le 21 août 2025, promet de secouer le secteur tech et industriel, des chaînes de montage de Ford à la Silicon Valley, jusqu’aux dégustations de vins contrariées à Bordeaux.
Droits de douane sur les voitures et semi-conducteurs : la baisse qui change la donne ?
J’ai assisté à la conférence du commissaire Maros Sefcovic, où il rappelle que le taux sur les automobiles européennes – Renault, Peugeot, BMW, Volkswagen et DS Automobiles – passe à 15 % (contre 27,5 %) pour chaque modèle expédié vers les USA. Mais attention : ce cadeau ne s’active que si, d’ici la fin du mois, Bruxelles retire à son tour tous les droits de douane sur les biens industriels américains.
- Ford, Tesla, General Motors : eux, rêvent déjà de vendre en Europe sans cette barrière tarifaire.
- Renault et DS Automobiles, prudents, attendent la validation du Parlement européen pour adapter leurs stratégies commerciales.
- Voir comment les autres produits technologiques ne sont pas tous épargnés : certains composants restent sous haute surveillance.
- Les semi-conducteurs européens bénéficient du taux réduit – de quoi raviver la concurrence avec les fabricants américains.

Imaginez une usine Ford en Allemagne qui relance un vieux projet électrique, ou la filiale américaine de Peugeot qui sort du sommeil après des années d’attente. Ce nouveau taux pourrait bouleverser la carte des importations. Les parcs de Detroit ou Dallas pourraient bientôt compter une ligne Peugeot ou DS flambant neuve, en échange de SUV Ford outillés à la sauce européenne.
Une fenêtre sur l’énergie et les investissements stratégiques
L’accord ne s’arrête pas aux pare-chocs. Bruxelles s’engage à acheter 750 milliards de dollars d’énergie américaine d’ici 2028, illustrant une dépendance accrue alors que la transition verte s’accélère. De concert, l’Europe promet 40 milliards de dollars de semi-conducteurs américains, un clin d’œil à la bataille pour la souveraineté numérique.
- Airbus, rassuré : pas de droits de douane sur les avions ou pièces détachées vers les États-Unis.
- Boeing aperçoit son principal concurrent européen revenir plus sereinement sur la scène internationale.
- Focus : la région de Toulouse espère relancer ses effectifs d’ingénieurs chez Airbus grâce à ce climat stabilisé.
- Les investissements européens aux USA pourraient atteindre 600 milliards de dollars supplémentaires dans cinq ans.
- L’achat d’équipements militaires américains va massivement augmenter pour les gouvernements européens.
Un dirigeant de la French Tech résume : “On se prépare à voir Ford et General Motors comme nos nouveaux voisins à la Défense.” Cela pourrait transformer l’écosystème industriel français, comme le montrent les précédentes vagues d’investissement évoquées dans notre dossier sur l’investiture de Donald Trump.
Quid du Digital Services Act et du secteur numérique : statu quo ou adaptation ?
Alors, va-t-on assister à un relâchement des normes européennes sur le Numérique, sous la pression américaine ? Le texte publié précise que le secteur digital, allié des géants de la tech comme Tesla sur ses systèmes embarqués, ne verra aucune dérogation immédiate. Les négociations sur les régulations du Digital Services Act (DSA) et de la CSDDD (due diligence sur la chaîne d’approvisionnement) restent du ressort de l’UE.
- Les obligations de reporting pour la durabilité (CSRD) resteront en place, tempère Maros Sefcovic, mais des “flexibilités supplémentaires” pourraient voir le jour pour apaiser les entreprises américaines établies en Europe.
- J’ai rencontré hier une responsable d’une startup IA à Berlin : elle se réjouit de ce calme réglementaire, après plusieurs mois de lobbyisme effréné par les équipes américaines de Tesla et Ford.
- En coulisse, des deals spectaculaires se négocient autour des puces IA, comme ce partenariat occulte entre Nvidia et AMD en Chine.
- Les opérateurs comme Volkswagen, déjà bien ancrés dans le numérique automobile, voient là une occasion d’optimiser leur recherche sur la supply chain.
Tout le monde n’est pas satisfait. Les producteurs de vin et de spiritueux, par exemple, ont “bu la coupe jusqu’à la lie” : ils n’obtiennent aucune exemption, malgré les efforts conjoints de Paris et Rome. Dans l’industrie, la tension ne tombe pas. La guerre commerciale rallumée par Donald Trump n’est jamais très loin…
Un accord salué… et contesté : le bal des gagnants et des perdants
Dans les cafés de Bruxelles, la déclaration de Maros Sefcovic s’affiche déjà sur les écrans géants. Le commissaire européen préfère y voir “un accord stratégique”, alors que ses collègues fustigent un deal déséquilibré en faveur des USA. Il suffit de croiser les regards : certains salariés de BMW se félicitent de voir les taxes baisser, tandis qu’à Bordeaux, on attend toujours le miracle.
- La filière aviation respire, avec Airbus qui échappe à de nouvelles barrières face à Boeing.
- Le secteur automobile se prépare à une compétition accrue entre General Motors, Peugeot et Volkswagen, sur les deux continents.
- Les petits producteurs, eux, peinent à cacher leur déception, regrettant que les spiritueux soient relégués au second plan.
- En marge, les consommateurs surveillent les nouveaux équilibres de prix sur le numérique : smartphones, laptops et accessoires pourraient s’aligner sur des tarifs plus compétitifs, à découvrir dans notre guide.
Un analyste chez Bloomberg glisse une question : “Prêts pour une décennie où chaque année rimera avec ajustement douanier et restructuration industrielle ?” Si la réponse n’est pas évidente, une chose est claire : cet accord pose la première pierre d’un nouveau chapitre du commerce transatlantique.
Vous souhaitez partager votre expérience sur ces évolutions douanières ? Ou témoigner des grandes manœuvres dans votre secteur, de Peugeot à BMW, de General Motors à DS Automobiles ? Contactez la rédaction ou envoyez votre analyse ici.