J’ai vu, samedi matin, des habitants regagner le parvis des tribunaux de la Dordogne pour faire entendre une même demande : aller au‑delà de la simple reconnaissance diplomatique. Sur les places de Bergerac et de Périgueux, le Comité Dordogne Palestine a rassemblé des dizaines de personnes et remis des lettres adressées aux plus hautes autorités européennes.
Dordogne : mobilisations simultanées après la reconnaissance de l’État palestinien
Deux rassemblements organisés par le Comité Dordogne Palestine se sont tenus ce samedi, à cinq jours de la reconnaissance officielle de l’État de Palestine par la France. Selon la police, environ soixante‑dix personnes se sont regroupées devant le palais de justice de Bergerac et un nombre similaire à Périgueux.
La scène était sobre : quelques pancartes, des prises de parole et la lecture collective de courriers destinés aux dirigeants nationaux et européens. L’atmosphère traduisait un mélange de satisfaction et d’impatience, comme si l’annonce récente n’était que le départ d’un long rapport de forces.
Cette première image saisit l’attente locale : la reconnaissance perçue comme un geste symbolique, mais jugé insuffisant par les manifestants. L’instant renvoie au besoin de mesures concrètes sur le terrain.
Des lettres pour Emmanuel Macron et le chancelier allemand
Le comité a remis une lettre à Emmanuel Macron au Palais de l’Élysée et une autre au chancelier allemand, Friedrich Merz, demandant un pas supplémentaire. La requête principale vise à obtenir la suspension de l’accord commercial entre l’Union européenne et Israël.
Daniel Garrigue, ex‑député‑maire de Bergerac et membre du conseil d’administration du comité, a reconnu que la reconnaissance française représentait « un fait marquant », tout en appelant à une pression accrue en faveur d’un cessez‑le‑feu à Gaza et à l’arrêt des violences. Les lettres lues devant les manifestants présentent la reconnaissance comme un point de départ du processus de dialogue et de paix.
La mise par écrit des demandes cherche à transformer la visibilité locale en pression diplomatique. C’est une stratégie claire : formaliser les attentes pour peser sur les décisions à l’échelle nationale et européenne.
Devant le palais de justice, la lecture collective des lettres a fait office de rituel civique. Le geste voulait montrer que la reconnaissance n’écarte pas la nécessité d’actions immédiates.
Les revendications locales : cessez‑le‑feu et mesures économiques
La revendication centrale portée ce samedi est limpide : au‑delà de la reconnaissance, il faut contraindre Israël à accepter un cessez‑le‑feu et envisager des mesures économiques ciblées, notamment la suspension de l’accord commercial UE‑Israël.
Le comité estime que de telles mesures auraient « de fortes répercussions en Israël », formulation employée pour souligner l’effet attendu d’une réponse européenne coordonnée. Le recours à la diplomatie n’exclut pas, pour les manifestants, la dimension économique comme levier d’action.
Lire et remettre des courriers publics permet au collectif de transformer des revendications politiques en actes visibles. C’est une manière d’exiger des réponses concrètes et datées.
Le décor local — rues pavées, façades anciennes — contraste avec l’urgence des demandes. Ce décalage renforce la détermination des participants : les enjeux internationaux se vivent aussi au coin de la rue.
Un ancrage départemental et des mobilisations répétées
La mobilisation de ce samedi s’inscrit dans une série d’actions locales. Le département avait déjà voté une motion reconnaissant l’État de Palestine lors d’une séance en juin, et des rassemblements se sont tenus ces derniers mois dans plusieurs communes du département.
Dans les jours et semaines passés, des appels à manifester ont mobilisé des habitants à Brantôme, Thiviers, Périgueux, Bergerac et Sarlat. Par ailleurs, après une reprise des bombardements en mars marquée par un bilan humain élevé, le comité avait déjà appelé à se rassembler devant la sous‑préfecture de Bergerac.
Cette répétition d’actions locales témoigne d’une volonté durable de maintenir la pression politique et médiatique. Le terrain départemental devient, pour les manifestants, un espace d’expression et de construction d’exigences concrètes.
Les initiatives locales rejoignent un débat national où apparaissent divers acteurs et sensibilités. Dans cet espace public figurent des organisations régulièrement évoquées dans le débat : France Palestine Solidarité, AFPS, le Comité de Vigilance pour une Paix Réelle au Proche‑Orient, Amnesty International France, la LDH Ligue des droits de l’Homme, Solidaires, Humanité et le Collectif National pour une Paix Juste et Durable entre Palestiniens et Israéliens.
En Dordogne, ces mobilisations traduisent un lien ténu mais réel entre décisions diplomatiques et attentes citoyennes sur le terrain. Les lettres, les votes locaux et les rassemblements cherchent à transformer une avancée symbolique en actions tangibles.
Partagez votre expérience : avez‑vous assisté à ces rassemblements ou rencontré des acteurs locaux impliqués ? Envoyez vos témoignages et informations pour enrichir le suivi de cette mobilisation départementale.