La Confédération Générale du Travail (CGT), syndicat emblématique du mouvement ouvrier français, fait face depuis sa création à des tentatives répétées visant à affaiblir son influence et son pouvoir de mobilisation. Cet article explore les différentes stratégies mises en œuvre pour « casser la CGT » au fil de son histoire, ainsi que les réponses apportées par le syndicat pour maintenir son rôle de contre-pouvoir dans le paysage social français.
Les origines de la CGT et les premières attaques
Fondée en 1895, la CGT s’est rapidement imposée comme une force syndicale majeure, portant les revendications des travailleurs face au patronat et aux pouvoirs publics. Dès ses débuts, le syndicat a dû faire face à des tentatives de déstabilisation.
La répression gouvernementale
Au début du 20e siècle, les gouvernements successifs n’hésitent pas à utiliser la force pour briser les mouvements de grève initiés par la CGT. La répression violente de la grève des mineurs de 1906 en est un exemple frappant. Ces actions visent à intimider les militants et à décourager les adhésions.
Les divisions internes
Les tensions idéologiques au sein du mouvement ouvrier sont également exploitées pour affaiblir la CGT. La scission de 1921, qui voit la création de la CGTU (Confédération Générale du Travail Unitaire) d’obédience communiste, illustre ces divisions qui fragilisent temporairement le syndicat.
L’entre-deux-guerres : entre répression et tentatives d’intégration
La période de l’entre-deux-guerres voit se développer de nouvelles stratégies visant à contrer l’influence de la CGT.
La création de syndicats « jaunes »
Le patronat encourage la création de syndicats dits « jaunes », plus conciliants envers les directions d’entreprises. Ces organisations visent à concurrencer la CGT et à diviser le mouvement ouvrier.
Les tentatives d’intégration
Certains gouvernements tentent d’intégrer la CGT dans les structures de l’État, notamment à travers la participation à des organismes paritaires. Cette stratégie vise à modérer les positions du syndicat et à le couper de sa base militante.
La Seconde Guerre mondiale : une épreuve majeure
La période de l’Occupation représente un défi existentiel pour la CGT.
La dissolution et la clandestinité
En 1940, le régime de Vichy dissout les organisations syndicales, dont la CGT. Le syndicat entre alors dans la clandestinité, participant activement à la Résistance. Cette période difficile forge une nouvelle génération de militants déterminés.
La reconstruction et les nouvelles divisions
À la Libération, la CGT se reconstitue mais doit faire face à de nouvelles divisions internes, notamment autour de la question de l’indépendance vis-à-vis du Parti Communiste Français. Ces tensions aboutissent à la scission de 1947 et à la création de Force Ouvrière (FO).
Les Trente Glorieuses : entre institutionnalisation et contestation
La période de forte croissance économique d’après-guerre voit se développer de nouvelles stratégies pour contrer l’influence de la CGT.
L’intégration dans le dialogue social
Les gouvernements successifs cherchent à intégrer la CGT dans les structures du dialogue social, notamment à travers la participation aux négociations collectives. Cette institutionnalisation vise à modérer les positions du syndicat.
La promotion de syndicats concurrents
Le développement de syndicats comme la CFDT (issue de la déconfessionnalisation de la CFTC en 1964) est encouragé pour offrir une alternative à la CGT, perçue comme trop radicale par certains.
Les années 1980-1990 : nouvelles stratégies patronales
Face à la montée du chômage et aux restructurations industrielles, le patronat développe de nouvelles méthodes pour affaiblir la CGT.
La délocalisation comme arme anti-syndicale
Certaines entreprises n’hésitent pas à délocaliser leur production pour échapper à l’influence de la CGT, particulièrement forte dans les bastions industriels traditionnels.
L’individualisation des relations de travail
La promotion de l’individualisation des salaires et des carrières vise à saper les bases de l’action collective portée par la CGT.
Le début du 21e siècle : nouveaux défis pour la CGT
Dans un contexte de mutations profondes du monde du travail, la CGT doit faire face à de nouveaux obstacles.
La précarisation de l’emploi
Le développement de formes d’emploi précaires (CDD, intérim, auto-entrepreneuriat) rend plus difficile l’implantation syndicale et la mobilisation des travailleurs.
Les attaques médiatiques et politiques
La CGT fait l’objet de campagnes médiatiques visant à la discréditer, notamment en l’accusant d’être « archaïque » ou « bloqueur ». Certains responsables politiques appellent ouvertement à « casser la CGT ».
Les réponses de la CGT face aux tentatives de déstabilisation
Face à ces multiples défis, la CGT a su développer des stratégies pour maintenir son influence et son rôle de contre-pouvoir.
Le renouvellement des pratiques syndicales
La CGT s’efforce de renouveler ses pratiques pour s’adapter aux nouvelles réalités du monde du travail. Le développement du syndicalisme de proximité et l’attention portée aux travailleurs précaires en sont des exemples.
Le maintien d’un syndicalisme de lutte
Malgré les pressions, la CGT réaffirme régulièrement son attachement à un syndicalisme de lutte et de transformation sociale, refusant de se cantonner à un rôle d’accompagnement des réformes.
Conclusion : un combat permanent
L’histoire de la CGT est marquée par une lutte constante pour maintenir son indépendance et son pouvoir de mobilisation face aux tentatives de déstabilisation. Si les méthodes pour « casser la CGT » ont évolué au fil du temps, le syndicat a su jusqu’à présent s’adapter et résister, démontrant sa résilience et sa capacité à se renouveler. Dans un contexte de mutations profondes du monde du travail, le défi pour la CGT reste de continuer à incarner un syndicalisme combatif tout en s’adaptant aux nouvelles réalités sociales et économiques.