J’ai suivi la disparition d’innombrables services web, mais rarement une mue digitale aura laissé un goût aussi étrange que la fin annoncée des liens goo.gl. Lancé en 2009, ce raccourcisseur d’URL de Google s’était glissé si discrètement dans l’écosystème des technologies web qu’on l’oubliait parfois, tout en le retrouvant au détour d’un vieux tweet, d’un document partagé, d’une archive oubliée. Aujourd’hui, voici qu’un pan entier de la mémoire numérique collective risque de se volatiliser, transformant des liens bien vivants en indigestes pages 404, à compter du 25 août.
Nouvelle étape pour les liens goo.gl : une disparition planifiée et ses conséquences
Imaginez Léo, community manager depuis 2013, découvrant que ses campagnes de marketing numérique reposaient encore sur quelques liens goo.gl bien placés. Il pensait l’affaire classée depuis la fermeture officielle du service en 2019, mais voilà qu’un simple clic ramène désormais ses visiteurs en terrain perdu. Et Léo n’est pas seul : selon Google, plus de « 99 % » des liens n’avaient déjà plus d’activité fin juin 2024 (source Google, relayée par The Verge), mais ce petit pourcentage restant, c’est toute une mosaïque de contenus, de souvenirs et de ressources qui risque de disparaître d’un coup.
- 99 % des liens goo.gl étaient inactifs en 2024
- Des milliers de posts et articles resteront « orphelins » après le 25 août
- L’absence d’alerte sonne la fin progressive de ce format d’URL shortener
- Une partie de la mémoire du web s’efface, sans retour en arrière possible
L’après-goo.gl : les nouveaux services à la rescousse
On m’a raconté l’histoire d’Ana, qui a dû réorganiser le site de son association alors que tout son système de gestion de contenu se reposait sur ces liens courts. Elle s’est tournée vers de nouveaux services qui n’existaient pas à l’époque, comme Bitly ou TinyURL, mieux adaptés aux besoins d’accessibilité des liens et à l’optimisation des campagnes de partages.
- Mise à jour automatique des liens avec les outils modernes
- Des statistiques de clic et de répartition géographique affinées
- Des services experts centrés sur la redirection d’URL
- Outils d’intégration clé en main pour plateformes sociales et blogs
Pourtant, même cette bascule vers de « nouveaux services » pose des questions sur les risques de fragmentation de la mémoire web. Qu’arrivera-t-il, la prochaine fois qu’un acteur géant du numérique décidera de tourner la page ?
Optimisation des liens : stratégie ou casse-tête pour les professionnels ?
J’ai rencontré Julien, responsable digital dans une PME, qui a identifié l’obsolescence des liens goo.gl comme l’occasion d’un audit complet de son accessibilité des liens. Sa démarche offre quelques pistes à ceux qui s’interrogent sur la pérennité de leurs contenus :
- Automatiser la détection des liens cassés avant la date fatidique
- Prévoir une migration progressive vers des solutions d’optimisation plus robustes
- S’assurer que chaque raccourcisseur propose une gestion centralisée
- Surveiller la compatibilité avec les plateformes de marketing numérique
Une astuce proposée par certains experts : conserver une documentation claire sur chaque raccourci utilisé, afin d’anticiper les évolutions des outils et des standards liés aux technologies web. C’est là toute la différence entre subir et choisir l’avenir de son patrimoine numérique.
L’impact sur le web : faut-il craindre une vague de liens morts ?
Des collectifs d’archivistes numériques m’ont confié qu’ils surveillent ce type de transition avec attention. En effet, chaque fois qu’un service comme goo.gl tire sa révérence, ce sont aussi des morceaux d’histoire, parfois essentiels, qui risquent de sombrer dans l’oubli. Les sites de référence, les contenus pédagogiques anciens ou les campagnes mémorables perdent de leur valeur si les liens raccourcis disparaissent.
- Multiplication attendue des erreurs 404 après la fermeture effective
- Perte de ressources uniques, parfois irremplaçables
- Sensibilisation accrue à la conservation numérique durable
- Émergence d’initiatives pour la sauvegarde des liens menacés
La question reste ouverte : sommes-nous condamnés à réécrire l’histoire du web à chaque obsolescence programmée ? Ou existe-t-il un modèle plus résilient pour la valorisation de nos fragments digitaux ?