Hausse du coût de la vie : un réservoir d’angoisse chez les jeunes

Young woman withdrawing money in face mask at ATM

L’inflation galopante et l’augmentation du coût de la vie sont devenues des sources majeures d’inquiétude pour la jeune génération. Entre précarité financière, difficultés à se projeter dans l’avenir et pression sociale, les 18-30 ans font face à de nombreux défis qui pèsent sur leur santé mentale. Cet article propose un état des lieux complet de la situation et examine les pistes pour aider les jeunes à surmonter ces obstacles.

Un contexte économique anxiogène pour la jeunesse

Depuis plusieurs années, et plus particulièrement depuis la crise du Covid-19, les jeunes sont confrontés à un environnement économique de plus en plus incertain :

  • Une inflation qui rogne leur pouvoir d’achat
  • Des loyers qui flambent dans les grandes villes
  • Un marché de l’emploi instable
  • Des études de plus en plus coûteuses

Cette situation engendre un stress financier chronique chez de nombreux jeunes, qui peinent à joindre les deux bouts.

L’inflation, première cause d’anxiété

D’après une récente étude menée au Royaume-Uni, la hausse du coût de la vie est citée comme la principale source d’inquiétude par 25% des 18-25 ans. L’augmentation des prix touche tous les aspects de leur vie quotidienne :

Poste de dépense Hausse moyenne en 2022
Alimentation +12%
Énergie +15%
Transports +8%
Logement +5%

Face à ces hausses, les jeunes sont contraints de faire des arbitrages douloureux dans leurs dépenses, renonçant souvent aux loisirs et sorties pour pouvoir assumer les charges incompressibles.

La précarité étudiante s’aggrave

Les étudiants sont particulièrement touchés par cette crise du pouvoir d’achat. Selon une enquête de l’UNEF, le coût de la vie étudiante a augmenté de 6,47% en 2022. Cette hausse concerne tous les postes de dépenses :

  • Loyers en résidence universitaire : +2,3%
  • Restauration universitaire : +3,3%
  • Frais d’inscription : +2,4%
  • Matériel pédagogique : +5,2%

Pour de nombreux étudiants, cette situation devient intenable. Certains sont contraints de se tourner vers l’aide alimentaire ou de cumuler emploi et études au détriment de leur réussite académique.

Un impact majeur sur la santé mentale des jeunes

Les difficultés financières et l’incertitude quant à l’avenir ont des répercussions importantes sur l’équilibre psychologique de la jeune génération.

Stress et anxiété en hausse

Plusieurs études mettent en évidence une augmentation significative des troubles anxieux chez les 18-30 ans ces dernières années. D’après une enquête Ipsos :

  • 77% des jeunes se disent stressés au quotidien
  • 61% déclarent souffrir d’anxiété
  • 54% affirment que leur santé mentale s’est dégradée depuis la pandémie

Cette anxiété se manifeste par divers symptômes physiques et psychologiques :

Symptômes physiques Symptômes psychologiques
Troubles du sommeil Ruminations anxieuses
Maux de tête Difficultés de concentration
Troubles digestifs Irritabilité
Fatigue chronique Baisse de l’estime de soi

Dépression et idées suicidaires

Dans les cas les plus graves, l’anxiété peut conduire à des épisodes dépressifs. Selon une étude de Santé Publique France, la prévalence des états dépressifs chez les 18-24 ans est passée de 10% en 2017 à plus de 20% en 2021.

Plus alarmant encore, on constate une augmentation des pensées et gestes suicidaires chez les jeunes. D’après les chiffres du réseau Oscour :

  • +128% de passages aux urgences pour idées suicidaires chez les 11-17 ans en 2021
  • +38% de passages pour geste suicidaire dans la même tranche d’âge

Ces chiffres témoignent d’une véritable crise de la santé mentale chez les jeunes, étroitement liée à la précarisation de leurs conditions de vie.

Les difficultés à se projeter dans l’avenir

Au-delà du stress financier immédiat, c’est l’incapacité à se projeter sereinement dans l’avenir qui mine le moral de nombreux jeunes.

Un marché de l’emploi incertain

Malgré une légère embellie en 2022, le chômage des jeunes reste élevé en France (19,5% chez les 15-24 ans). Les perspectives d’insertion professionnelle demeurent incertaines pour de nombreux diplômés :

  • Précarisation des contrats (CDD, intérim)
  • Concurrence accrue sur les postes qualifiés
  • Inadéquation entre formations et besoins du marché

Cette situation génère une forte anxiété face à l’avenir professionnel. Selon un sondage OpinionWay, 62% des 18-30 ans s’inquiètent de ne pas trouver un emploi stable et bien rémunéré.

Le rêve inaccessible de la propriété

Autre source majeure de frustration : l’impossibilité croissante d’accéder à la propriété pour les jeunes générations. Entre hausse des prix de l’immobilier et durcissement des conditions d’octroi des prêts, devenir propriétaire relève du parcours du combattant :

Ville Prix moyen au m² Évolution sur 5 ans
Paris 10 590 € +27%
Lyon 5 310 € +36%
Bordeaux 4 730 € +41%
Nantes 3 850 € +52%

Cette situation alimente un sentiment de déclassement social chez de nombreux jeunes, qui s’estiment condamnés à vivre moins bien que leurs parents.

La pression des réseaux sociaux

Paradoxalement, les réseaux sociaux contribuent à accentuer le mal-être des jeunes face à leur situation économique. L’exposition permanente au succès et au bonheur apparent des autres génère frustration et sentiment d’échec :

  • 65% des 18-25 ans disent se comparer régulièrement aux autres sur les réseaux
  • 48% affirment que cela a un impact négatif sur leur estime de soi
  • 37% ressentent de l’anxiété en voyant le train de vie de certains influenceurs

Cette pression sociale constante renforce le stress lié à la réussite et l’impression de « passer à côté de sa vie » chez de nombreux jeunes.

Les stratégies d’adaptation des jeunes face à la crise

Face à ces difficultés, les 18-30 ans développent diverses stratégies pour tenter de s’adapter et de préserver leur équilibre mental.

La « débrouille » au quotidien

Pour joindre les deux bouts, de nombreux jeunes multiplient les petits boulots et les sources de revenus :

  • Jobs étudiants (restauration, garde d’enfants, etc.)
  • Auto-entrepreneuriat et freelance
  • Économie collaborative (covoiturage, location entre particuliers)
  • Revente d’objets d’occasion

Ces activités permettent de compléter les fins de mois mais se font souvent au détriment des études ou de la vie sociale.

La colocation comme solution économique

Pour réduire le poids du logement dans leur budget, de plus en plus de jeunes optent pour la colocation :

Année Part des 18-30 ans en colocation
2015 8%
2018 12%
2021 17%
2023 22%

Cette solution permet de réduire les charges mais implique des concessions sur l’intimité et le confort.

Le retour chez les parents

Autre phénomène en hausse : le maintien ou le retour au domicile parental. En 2022, 33% des 18-29 ans vivaient chez leurs parents, contre 27% en 2017. Si cette solution offre un filet de sécurité financier, elle peut aussi être source de frustration pour des jeunes adultes aspirant à l’indépendance.

La recherche de sens

Face aux difficultés matérielles, certains jeunes choisissent de redéfinir leurs priorités et de privilégier l’épanouissement personnel sur la réussite financière :

  • Engagement associatif ou militant
  • Reconversion professionnelle vers des métiers « qui ont du sens »
  • Adoption d’un mode de vie minimaliste
  • Expatriation vers des pays au coût de la vie plus faible

Ces choix permettent de redonner du contrôle sur sa vie mais impliquent souvent des sacrifices matériels.

Les dispositifs d’aide et de soutien existants

Face à la détresse croissante des jeunes, divers dispositifs ont été mis en place pour les accompagner sur le plan financier et psychologique.

Les aides financières

Plusieurs mesures visent à soutenir le pouvoir d’achat des 18-30 ans :

  • Repas à 1€ dans les restaurants universitaires
  • Revalorisation des bourses sur critères sociaux
  • Aide exceptionnelle de rentrée (100€)
  • Prime d’activité accessible dès 18 ans
  • Garantie Jeunes pour les 16-25 ans en difficulté

Ces dispositifs apportent un soutien ponctuel mais restent insuffisants face à l’ampleur des besoins.

L’accompagnement vers l’emploi

Divers programmes visent à faciliter l’insertion professionnelle des jeunes :

Dispositif Public cible Mesures
1 jeune, 1 solution 16-25 ans Aides à l’embauche, formations, accompagnement
Contrats d’apprentissage 16-29 ans Formation en alternance, aide à l’embauche
Services civiques 16-25 ans Missions d’intérêt général indemnisées
Parcours Emploi Compétences 16+ ans éloignés de l’emploi Contrats aidés dans le secteur non-marchand
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