J’ai rencontré Mario Bustamante dans un stand bruyant de salon, téléphone en main et regard fixé sur des cartes de terrain. Il m’a raconté comment sa startup, Instacrops, est passée d’un déploiement d’objets connectés pour prévenir le gel à une plateforme logicielle d’IA dédiée à l’économie d’eau et à l’optimisation des cultures. À quelques jours de TechCrunch Disrupt à San Francisco, son équipe promet de montrer des résultats tangibles pour les agriculteurs d’Amérique latine.
Instacrops à TechCrunch Disrupt 2025 : une IA pour économiser l’eau et optimiser les cultures
Instacrops présente sa technologie lors de TechCrunch Disrupt (San Francisco, October 27-29, 2025), intégrée aujourd’hui à un bouquet d’outils destinés aux exploitations de fruits et légumes à haute valeur ajoutée. L’entreprise, issue de la promotion Y Combinator Summer 2021, a recentré son offre vers des modèles d’IA capables d’exploiter des flux massifs de données pour conseiller l’irrigation.
Le passage du hardware au logiciel a permis à la jeune pousse de traiter bien plus d’informations avec moins de personnel : 15 million data points per hour sont aujourd’hui ingérés par leurs systèmes, une cadence qui, selon Mario, représentait autrefois la quantité traitée sur une année entière. Ce gain d’échelle transforme la proposition de valeur pour les agriculteurs et les investisseurs.
Comment l’IA d’Instacrops réduit la consommation d’eau sur les fermes
L’agriculture consomme environ 70% de l’eau douce utilisée dans le monde, et dans certains pays comme l’Inde ou le Chili ce chiffre dépasse 90%. C’est cette réalité qui pousse Mario à chercher des solutions techniques depuis son pays natal, où il confie à TechCrunch que « Lack of water is a big issue here ».
La plateforme récupère des données depuis des capteurs IoT — installés par Instacrops ou déjà présents chez l’exploitant — et ingère plus de 80 paramètres : humidité du sol, température, pression, rendement estimé et NDVI issu d’images satellites. Le système génère des recommandations d’irrigation envoyées directement sur le téléphone du producteur.
Sur le terrain, ces conseils ont permis à 260 fermes de réduire leur consommation d’eau jusqu’à 30% tout en augmentant le rendement de certaines cultures jusqu’à 20%. Ce double bénéfice — économie de ressource et gain de productivité — explique l’intérêt croissant des cultures à forte valeur comme les pommes, avocats, myrtilles, amandes et cerises.
Du smartphone au pilotage automatique : adoption et modèle économique
Instacrops livre ses recommandations via une application de type chatbot et multiplie les intégrations : WhatsApp figure au centre de la stratégie de diffusion. Mario prévoit que dans l’année à venir l’usage sera « 100% WhatsApp » pour toucher des agriculteurs peu familiers des applis spécialisées.
Le modèle commercial repose sur un abonnement annuel facturé par hectare, adapté aux exploitations de haute valeur en Amérique latine. Pour les fermes équipées, la plateforme peut même piloter directement les systèmes d’irrigation, transformant une recommandation en action automatisée.
Instacrops a levé le capot financier avec le soutien d’acteurs comme SVG Ventures et Genesis Ventures, et son expérience illustre un mouvement plus large où des startups — de Agricool à Naïo Technologies ou Sencrop — combinent capteurs, images satellite et IA pour transformer la pratique agricole.
Instacrops dans l’écosystème AgTech : partenariats, concurrents et perspectives
Sur le marché, des acteurs comme Weenat, AgriEdge ou Elicit Plant apportent des briques complémentaires : prévisions météo hyperlocales, analyses phytosanitaires ou tableaux de bord décisionnels. D’autres, tels que Vivent, Chouette et EKylibre, explorent des angles spécifiques d’automatisation ou de gestion de la chaîne.
Pour comprendre ces synergies, il suffit de regarder comment la Tech se diffuse hors des hubs traditionnels. Des écosystèmes comme celui du Québec font leur entrée sur la scène européenne, comme le relate ce dossier sur la présence québécoise à VivaTech (l-echo.info).
L’essor d’outils cloud et de plateformes d’IA soulève aussi des débats sur la présence des hyperscalers : voir l’enquête sur l’expansion de Google Cloud pour saisir ces tensions. Parallèlement, l’émergence d’IA génératives et d’outils audio comme Suno suscite des critiques et des revues de fond (l-echo.info).
Investissements, automatisation de la recherche et impacts sociétaux
La technologie agricole ne vit pas isolée : des levées massives pour automatiser la recherche scientifique redessinent les priorités technologiques. Un exemple marquant est la mobilisation de fonds par d’anciens chercheurs d’OpenAI et DeepMind pour accélérer l’automatisation de la science (l-echo.info).
Ces mouvements influencent aussi la manière dont les PME numériques abordent l’internationalisation et la scalabilité commerciale, sujets abordés dans ce portrait d’entreprises numériques en expansion (l-echo.info).
Les innovations d’Instacrops rejoignent un propos plus large sur l’impact concret des technologies dans la vie quotidienne — un sujet traité par ce dossier sur la commodité numérique (l-echo.info).
Sur le terrain : témoignage et perspective
Sur une exploitation de pommiers, j’ai vu des capteurs transmettre en temps réel la teneur en eau du sol pendant une semaine de sécheresse. Les recommandations ajustées ont permis d’éviter une irrigation inutile sur les parcelles déjà optimisées, économisant de l’eau sans compromettre le fruit.
Ce cas illustre l’enjeu clef : comment traduire des giga-données en gestes concrets pour des agriculteurs parfois éloignés des nouveaux services numériques. L’adoption via WhatsApp et des interfaces simples reste un levier fondamental pour franchir cette barrière.
Si vous voulez voir les démos en direct et tester ces outils, rendez-vous à TechCrunch Disrupt du 27 au 29 octobre à San Francisco — Instacrops figurera dans le Startup Battlefield et promet des démonstrations terrain.