J’ai vu Kevin Rose sur scène, le regard mi-amusé mi-exaspéré, résumer d’un trait ce que beaucoup d’investisseurs ressentent face à l’avalanche de gadgets IA : « si vous avez envie de frapper quelqu’un parce qu’il le porte, n’investissez pas dans cet objet ». Cette règle viscérale vise moins la technologie que son acceptation sociale — et elle éclaire pourquoi certains wearables flamboyants échouent malgré des spécifications impressionnantes.
Le test simpliste de Kevin Rose pour évaluer les wearables IA et leur acceptabilité sociale
Rose, investisseur chez True Ventures et ancien membre du conseil d’Oura, oppose la promesse technique à la réalité émotionnelle. Il rappelle que l’élément décisif n’est souvent pas le capteur ou le modèle d’IA, mais « comment cet objet fait ressentir les autres autour de vous ». La tension entre utilité et gêne sociale est devenue un filtre d’investissement aussi puissant que n’importe quel benchmark.
Quand la technologie viole les codes sociaux — écoute permanente, stockage de conversations, modifications d’images — elle engendre une résistance. C’est ce que Rose illustre par des exemples concrets et familiaux, et c’est un signal d’alerte pour les fondateurs comme pour les sociétés établies (Apple, Google, Meta, Microsoft).
Vie privée, conversation continue et faux-semblants : pourquoi le pin ou les lunettes posent problème
J’ai entendu Rose évoquer l’expérience troublante d’utiliser un pendentif IA lors d’une dispute conjugale : relire des logs pour « gagner » une querelle devient une victoire sans honneur. L’enregistrement permanent transforme les interactions humaines et pose des questions de confiance que personne n’a vraiment mesurées.
De la suppression d’éléments inopportuns dans une photo à la génération de vidéos réalistes, les fonctions qui semblent ludiques aujourd’hui risquent de devenir des sources de malentendus demain. Pour pousser l’analyse plus loin, on peut retrouver des ressources techniques et culturelles sur des usages controversés dans des articles tels que DeepSeek et les chatbots IA ou le dossier sur ChatGPT. La question n’est pas seulement algorithmique, elle est sociale.
Ce que ce test dit aux VCs : réévaluer la valeur ajoutée et l’accompagnement
J’ai rencontré des investisseurs qui, face à l’explosion des outils d’IA, ont embauché des armées d’ingénieurs. Rose voit autre chose : la transformation des barrières à l’entrée veut dire que la valeur des fonds vient plus de l’accompagnement humain que du soutien technique pur.
Il souligne que des avancées prévues chez des acteurs comme Google (les modèles multimodaux) réduiront les erreurs de déploiement et accéléreront la mise en marché. Les fondateurs pourront lancer des produits plus vite, avec moins de frictions techniques, et cela change la logique du capital-risque.
Dans ce nouvel environnement, les VCs qui excellent ne seront pas ceux qui écrasent un fondateur sous des promesses cloud et hardware, mais ceux qui apportent EQ, expérience et présence sur le long terme. Pour comprendre l’impact de ces alliances techniques, voyez des cas récents comme l’association OpenAI-Oracle-SoftBank autour de centres de données (Stargate).
Design social, exemples industriels et le risque d’une deuxième ère « early social »
J’ai rencontré une ingénieure de produit qui, confrontée au choix entre une fonction « toujours active » et le respect des conventions sociales, a opté pour la seconde. Ce type de décision, mineure en réunion de design, peut décider du destin d’un appareil sur le marché.
Les grandes plateformes et constructeurs — Samsung, Sony, Huawei, Xiaomi, Amazon, Bosch — observent ces dynamiques et ajustent leur feuille de route hardware. Certains misent sur des wearables discrets, d’autres sur l’intégration logicielle avec des écosystèmes existants (voir comment Apple tente de retrouver une place avec des approches plus prudentes : Apple et l’IA).
La leçon clé : un bon produit IA doit pouvoir vivre en société sans faire violence aux usages humains. C’est un critère aussi mesurable que la latence ou l’autonomie.
Cas pratiques et retours d’usage : de l’Oura aux pendants ratés
J’ai vu Oura s’imposer sur le marché des bagues connectées grâce à un mélange de design discret et d’utilité médicale. Rose, qui a connu ce succès de l’intérieur, explique que la confiance se gagne dans la durée et par la transparence. 80 % du marché de la smart ring est aujourd’hui dominé par Oura, un cas d’école pour qui veut comprendre l’acceptabilité.
À l’opposé, l’épisode du pendant d’Humane — perçu comme intrusif et créant des situations gênantes — montre la fragilité d’un lancement bâti autour d’un gadget « toujours écoutant ». Pour des récits pratiques sur la manière dont l’IA transforme des produits du quotidien, on peut lire des analyses sur le Nothing Phone 3a (Nothing Phone 3a) ou la Pixel Watch et ses innovations de localisation (Pixel Watch 3).
Les produits qui durent sont ceux qui respectent les personnes, pas seulement les specs.
Que retenir pour les entrepreneurs : viser la audace et la discrétion sociale
J’ai entendu Rose citer une maxime qu’on pourrait résumer ainsi : il faut une « saine méconnaissance de l’impossible » pour inventer. Les fondateurs doivent rester ambitieux tout en testant l’acceptabilité dès le prototype.
Concrètement, cela passe par des tests terrain, des panels d’usagers et une réflexion sur les usages familiaux — comment explique-t-on une vidéo générée à ses enfants ? Rose recommande d’aborder ces outils comme de la « magie du cinéma », pédagogique et transparente. Pour des ressources pratiques parallèles, explorez des guides techniques ou lifestyle comme l’installation de Family Link ou des dossiers de sensibilisation sur l’IA.
Audace technique et sensibilité sociale forment le couple gagnant des prochains succès hardware.
Partagez votre expérience : avez-vous essayé un wearable IA qui vous a mis mal à l’aise ou, au contraire, qui vous a rassuré ? Racontez-le et enrichissons ensemble la réflexion.
