J’ai entendu, au coin d’une pharmacie, l’inquiétude monter : « Vous avez vu tous ces produits miracles qui fleurissent sur le Net ? ». La rumeur a fait le tour de la ville en un éclair. Elle n’est pas infondée : aujourd’hui, un simple clic sépare ceux qui cherchent à perdre du poids d’une jungle de faux traitements anti-obésité périlleux, dopés par les prouesses de l’intelligence artificielle.
Sur la toile, les promesses s’accumulent : formats stylos, patchs ou gélules, tous se revendiquent coupe-faims « nouvelle génération », équivalents à Ozempic ou Wegovy… Sauf qu’ici, la prouesse technologique n’a rien de médical. C’est de la désinformation pure et dure, souvent masquée par des faux logos officiels et des témoignages générés à la chaîne. Vous êtes tenté d’en rire ? Attendez de voir ce que j’ai découvert sur le terrain.
Prolifération des arnaques : quand l’IA orchestre de faux traitements anti-obésité
Imaginez : vous cherchez des solutions pour gérer l’obésité, et en moins de trois minutes, vous tombez sur un site jurant que son « injection » fait fondre les kilos en une semaine. Le logo de l’ANSM trône fièrement à côté d’un « Fabriqué en France ». Quinze euros suffisent pour repartir « prêt » à tester l’expérience…
Selon l’étude de Check Point, repérée en décembre dernier, ces plateformes n’hésitent pas à combiner deepfakes, faux témoignages et fausses certifications pour ferrer la clientèle la plus vulnérable. Le piège fonctionne : il suffit de visionner une vidéo générée par IA où un prétendu « patient » explique comment il a perdu 12 kilos en un mois pour que le doute s’installe, surtout après les pénuries récurrentes d’Ozempic relayées sur TikTok. Face à ce rouleau compresseur, la sécurité des patients est vite reléguée au second plan.

Les mécanismes de la désinformation sous intelligence artificielle
Vous vous demandez comment ces arnaques en ligne parviennent à duper, en France comme ailleurs ? C’est simple et redoutable à la fois. Voici ce que j’ai relevé lors de mon enquête :
- Deepfakes de patients, parfois même de médecins inventés, vantant des résultats spectaculaires.
- Logos officiels détournés, de l’ANSM ou d’agences européennes, apposés pour rassurer.
- Création de faux profils Facebook et de publicités ciblées générées automatiquement pour tromper la vigilance.
- Offres défiant toute logique économique : « Consultation + ordonnance instantanée » pour quelques dizaines d’euros, sans aucune vérification médicale.
- Sites hébergés à l’étranger, hors UE, pour contourner le droit français.
La technologie IA, à ce stade, dépasse le simple cadre du cybercrime : elle donne un visage, une voix, une crédibilité imaginaire à des substances qui, non seulement n’agissent pas contre l’obésité, mais peuvent contenir des produits nocifs.
Santé publique menacée : la réponse tardive des autorités face au marché noir numérique
Ce vendredi de décembre, lorsque j’ai contacté l’ANSM, le service presse évoquait des contrôles réguliers. Plusieurs patchs suspectés de contenir du GLP-1 se sont révélés… vides de principe actif ! Pire : certains renfermaient d’autres composés non identifiés. D’après Julie Martin, pharmacologue à l’Observatoire Européen du Médicament, « toute vente en ligne de ces analogues est illégale en France, même par une pharmacie agréée ».
Pourtant, le mal est fait : le flux d’annonces douteuses, sur eBay, Cdiscount ou Amazon, n’a pu être stoppé que partiellement. Les sociétés basées à Hong Kong sont toujours hors de portée des procédures rapides françaises. Un exemple récent : quand l’EMA a débusqué des centaines de fausses boutiques sur les réseaux, le phénomène avait déjà fait tache d’huile.
Comment repérer et éviter les pièges des faux traitements anti-obésité ?
Devant ce déferlement de promesses illusoires, la vigilance est de mise. L’ANSM recommande plusieurs points de contrôle à garder en tête :
- Vérifiez que le logo d’une institution de santé n’est jamais apposé pour garantir un site (c’est interdit et révélateur d’une fraude).
- Ne croyez pas les témoignages vidéo trop sensationnalistes : l’intelligence artificielle peut simuler des patients et des médecins.
- Méfiez-vous des prix cassés et des offres sans ordonnance médicale.
- Passez par les circuits officiels : pharmacies physiques ou plateformes agréées avec prescription.
- En cas de doute, signalez le site sur la plateforme PHAROS.
Ce que l’on observe surtout, c’est que derrière l’innovation IA, la technologie ne fait qu’accroître l’asymétrie d’information entre marchands d’illusions et patients.
Curieux de savoir si votre expérience recoupe ces constats ? Racontez-nous ce que vous avez vu sur Internet, ou partagez vos conseils pour reconnaître ces faux traitements. C’est ensemble que la lutte contre la désinformation et pour la sécurité des patients avancera. Pour découvrir d’autres enquêtes ou transmettre votre témoignage, contactez la rédaction de l-echo.info.
