Que faire face aux aboiements du chien des voisins ?

Woman is with dog on the summer field

Les aboiements intempestifs d’un chien du voisinage peuvent rapidement devenir une source de stress et de conflits. Cet article propose une analyse approfondie de la situation et des solutions concrètes pour résoudre ce problème de manière efficace et apaisée.

Comprendre le phénomène des aboiements excessifs

Les causes fréquentes des aboiements répétés

Avant d’envisager toute action, il est important de comprendre pourquoi un chien peut aboyer de façon excessive. Les raisons sont multiples :

  • L’ennui et le manque de stimulation : un chien laissé seul trop longtemps sans activité peut exprimer sa frustration par des aboiements.
  • L’anxiété de séparation : certains chiens supportent mal l’absence de leurs maîtres et manifestent leur détresse par des vocalises.
  • La territorialité : le chien peut aboyer pour défendre ce qu’il considère comme son territoire contre des intrus (passants, autres animaux).
  • Le besoin d’attention : les aboiements peuvent être un moyen pour le chien d’attirer l’attention de ses maîtres ou des voisins.
  • La réaction aux stimuli extérieurs : bruits de la rue, mouvements, odeurs peuvent déclencher des aboiements chez un chien sensible.
  • Un problème de santé : douleur, inconfort ou troubles cognitifs liés à l’âge peuvent parfois se traduire par des aboiements excessifs.

L’impact des aboiements sur le voisinage

Les nuisances sonores causées par les aboiements répétés d’un chien ne sont pas à prendre à la légère. Elles peuvent avoir des conséquences importantes sur la qualité de vie et la santé des riverains :

  • Troubles du sommeil : les aboiements nocturnes perturbent le repos et entraînent fatigue et irritabilité.
  • Stress et anxiété : l’exposition prolongée à ce bruit peut générer un état de stress chronique.
  • Difficultés de concentration : pour les personnes travaillant à domicile ou les étudiants, les aboiements peuvent nuire à la productivité.
  • Tensions relationnelles : les nuisances sonores sont souvent source de conflits entre voisins.
  • Dépréciation immobilière : dans les cas extrêmes, la présence d’un chien bruyant peut affecter la valeur des biens immobiliers alentour.

Ce que dit la loi sur les aboiements de chiens

La législation française encadre les nuisances sonores, y compris celles provoquées par les animaux domestiques. Voici les principaux textes à connaître :

  • Code de la santé publique : l’article R1336-5 stipule qu’« aucun bruit particulier ne doit, par sa durée, sa répétition ou son intensité, porter atteinte à la tranquillité du voisinage ou à la santé de l’homme, dans un lieu public ou privé, qu’une personne en soit elle-même à l’origine ou que ce soit par l’intermédiaire d’une personne, d’une chose dont elle a la garde ou d’un animal placé sous sa responsabilité ».
  • Code pénal : l’article R623-2 sanctionne « les bruits ou tapages injurieux ou nocturnes troublant la tranquillité d’autrui ».
  • Code civil : l’article 1240 peut s’appliquer au titre de la responsabilité civile du propriétaire de l’animal.

Il est important de noter que la loi ne fixe pas de seuil précis en termes de décibels ou de durée d’aboiements. C’est l’appréciation du caractère anormal du trouble qui prime.

Les critères retenus pour caractériser la nuisance sonore

Pour déterminer si les aboiements d’un chien constituent une nuisance sonore répréhensible, trois critères principaux sont pris en compte :

Critère Description Exemple
Intensité Le volume sonore des aboiements Aboiements très forts, audibles à travers les murs
Répétition La fréquence des épisodes d’aboiements Aboiements se produisant plusieurs fois par jour
Durée La longueur des phases d’aboiements Aboiements continus pendant plus de 15 minutes

Ces critères ne sont pas cumulatifs : un seul d’entre eux peut suffire à caractériser la nuisance si elle est particulièrement marquée.

Les sanctions encourues par les propriétaires de chiens bruyants

Si les aboiements d’un chien sont reconnus comme constituant une nuisance sonore, son propriétaire s’expose à différentes sanctions :

  • Amendes :
    • 68€ en cas de constatation immédiate par les forces de l’ordre (majorée à 180€ si non payée dans les 45 jours)
    • Jusqu’à 450€ en cas de poursuites devant le tribunal de police
  • Confiscation de l’animal : dans les cas les plus graves, le juge peut ordonner le placement du chien
  • Dommages et intérêts : le propriétaire peut être condamné à indemniser les voisins lésés
  • Mesures coercitives : obligation de faire réaliser des travaux d’isolation phonique, interdiction de laisser le chien seul dans le jardin, etc.

Il faut souligner que ces sanctions ne sont appliquées qu’en dernier recours, après échec des tentatives de résolution amiable du conflit.

La démarche à suivre face à un chien qui aboie excessivement

Étape 1 : Dialoguer avec le propriétaire du chien

La première chose à faire lorsqu’on est confronté aux aboiements gênants d’un chien du voisinage est d’essayer de discuter calmement avec son propriétaire. Voici quelques conseils pour aborder la situation de manière constructive :

  • Choisissez le bon moment : privilégiez une rencontre en face-à-face plutôt qu’une conversation téléphonique ou un message écrit.
  • Adoptez une attitude ouverte et non accusatrice : exprimez votre gêne sans agressivité, en utilisant le « je » plutôt que le « vous ».
  • Soyez précis dans vos observations : indiquez les moments où les aboiements sont les plus dérangeants, leur durée, leur fréquence.
  • Montrez-vous compréhensif : reconnaissez que le propriétaire n’est peut-être pas conscient du problème, surtout si les aboiements se produisent en son absence.
  • Proposez votre aide : suggérez des solutions comme garder occasionnellement le chien ou recommander un éducateur canin.

Cette démarche permet souvent de résoudre le problème à l’amiable, le propriétaire n’ayant généralement pas conscience de la gêne occasionnée.

Étape 2 : Envoyer un courrier formel

Si le dialogue direct n’a pas abouti ou n’est pas possible, l’envoi d’un courrier constitue la prochaine étape. Voici comment procéder :

  1. Courrier simple : commencez par un courrier simple exposant le problème et demandant une résolution rapide.
  2. Lettre recommandée avec accusé de réception : en l’absence de réaction, envoyez une mise en demeure formelle.

Voici un modèle de lettre que vous pouvez adapter :

Éléments à inclure Exemple de formulation
Introduction « Je me permets de vous écrire au sujet des aboiements de votre chien qui perturbent ma tranquillité. »
Description du problème « Votre chien aboie de façon répétée et prolongée, particulièrement entre [heures] et [heures], ce qui m’empêche de [activité perturbée]. »
Rappel de la loi « Je me permets de vous rappeler que ces nuisances sonores sont contraires à l’article R1336-5 du Code de la santé publique. »
Demande d’action « Je vous serais reconnaissant de bien vouloir prendre les mesures nécessaires pour faire cesser ces nuisances dans les plus brefs délais. »
Ouverture au dialogue « Je reste à votre disposition pour en discuter et trouver ensemble une solution à ce problème. »

Conservez une copie de tous les courriers envoyés, ils pourront servir de preuves si la situation devait s’aggraver.

Étape 3 : Faire appel à un tiers médiateur

Si le propriétaire du chien reste insensible à vos demandes, l’intervention d’un tiers peut s’avérer nécessaire. Plusieurs options s’offrent à vous :

  • Le conciliateur de justice : gratuit et facilement accessible, il peut organiser une rencontre entre les parties pour trouver un accord à l’amiable.
  • Le médiateur municipal : certaines communes disposent de ce service pour résoudre les conflits de voisinage.
  • Une association de médiation : des structures spécialisées peuvent intervenir pour faciliter le dialogue.

La médiation présente plusieurs avantages :

  • Elle permet de préserver les relations de voisinage
  • Elle aboutit souvent à des solutions créatives et satisfaisantes pour tous
  • Elle évite les procédures judiciaires longues et coûteuses

Étape 4 : Recourir aux autorités compétentes

Si toutes les tentatives précédentes ont échoué, il peut être nécessaire de faire intervenir les autorités :

  1. La police municipale ou la gendarmerie : elles peuvent constater les nuisances et dresser un procès-verbal.
  2. La mairie : le maire a un pouvoir de police en matière de tranquillité publique et peut prendre des arrêtés spécifiques.
  3. La préfecture : dans certains cas, elle peut être saisie pour des problèmes de nuisances sonores.

Ces autorités peuvent :

  • Effectuer des mesures sonores
  • Adresser un avertissement au propriétaire du chien
  • Imposer des mesures correctives (ex : suivre des cours d’éducation canine)
  • Verbaliser en cas d’infraction constatée

Étape 5 : Engager une procédure judiciaire

En dernier recours, si aucune autre solution n’a abouti, une action en justice peut être envisagée. Deux options sont possibles :

  • La procédure civile : vise à obtenir la cessation du trouble et des dommages et intérêts
  • La procédure pénale : vise à faire sanctionner l’infraction

Il est fortement recommandé de se faire assister par un avocat pour ce type de démarche. Avant d’entamer une procédure, assurez-vous d’avoir :

  • Épuisé toutes les autres options
  • Rassemblé suffisamment de preuves (témoignages, enregistrements, constats d’huissier, etc.)
  • Évalué les coûts et les délais de la procédure

Une procédure judiciaire doit vraiment être considérée comme un dernier recours, car elle peut définitivement détériorer les relations de voisinage.

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